Quel privilège ce samedi 16 janvier 2015 d’assister à la conférence de Mohammed Taleb organisée par l’École Buissonnière sur la philosophie et la pédagogie du romantisme à la Muse ! Taleb nous invite à prendre la hauteur de vue nécessaire pour questionner notre posture et notre relation au monde ! On en sort plus droit, plus humble, plus fort.
Le romantisme est un phénomène international qui, de la fin du 18ème siècle jusqu’au début du 20ème siècle, va fertiliser non pas uniquement le champ littéraire et artistique, comme le prétend une historiographie orientée, mais aussi l’éducation, le droit, l’économie, la science, la politique, la théologie. L’horizon philosophique de l’impulsion romantique est d’opposer des valeurs qualitatives (spirituelles, culturelles, esthétiques, sociales, sentimentales…) aux valeurs marchandes qui tendent à se généraliser à la faveur de l’expansion du capitalisme.
Georges Gusdorf (1912-2000) fut, durant de longues années, professeur de philosophie à l’université de Strasbourg. Il est un maître des études sur le romantisme.
Voici ce qu’il écrit à propos de la vision romantique de l’éducation : « Le romantisme met en honneur le grand axe de la ligne de vie, autour duquel se regroupent les épisodes d’une existence, aventures et mésaventures à la faveur desquelles il est donné à un être humain de devenir ce qu’il est.
Le vecteur éducatif se confond avec l’itinéraire de chacun vers lui-même, enquête expérimentale et conquête par chacun de sa propre authenticité. Cette difficile gestation ne se cantonne pas dans telle ou telle tranche d’âge ; elle embrasse le développement du sujet jusqu’à la maturité, et même au-delà, jusqu’à l’acquisition de cette sagesse propre aux vieillards.
Dans ce projet global, l’instruction scolaire, si elle nécessaire, apparaît insuffisante. La pédagogie romantique propose une méditation de la vie au cœur de la vie, appropriation par chacun de sa propre destinée » (Romantisme I. Paris : Payot, 1993, p. 382)