Rencontre au sommet avec Marianne Sébastien

DSC_3412Article rédigé par Christine Camporini, blogueuse @ Suisse des Talents

Marianne Sébastien, c’est déjà un personnage, une personnalité, un charisme exceptionnel. Forte, droite, puissante, déterminée, entière, courageuse, pleine de cœur, je n’ai pas assez de mots pour décrire ce que je ressens à son contact. Et il fallait bien toutes ces qualités pour parvenir à générer un tel changement en Bolivie.

Car Marianne Sébastien, si vous l’ignoriez encore, est à la fois cantatrice et fondatrice de l’association « Voix Libres », qui aide les boliviens à sortir les enfants des mines et les envoyer à l’école, et à sortir les familles de la misère grâce à l’octroi de micro-crédits. Et puis, comme la Bolivie est un pays dans lequel hélas la violence est trop souvent le quotidien des gens, elle a aussi développé là-bas une pédagogie de la tendresse, des cours pour les professeurs et les parents. La violence, évidemment, a baissé dans les endroits touchés par la grâce de Marianne et de ses équipes. Les enfants sont allés à l’école, certains sont devenus avocats et défendent à présent les intérêts des boliviens pour l’association. D’autres sont ébénistes, d’autres remplissent les cartables qui sont destinés aux milliers d’enfants envoyés à l’école, d’autres s’occupent de comptabilité, de gestion…

Parce que pour aider les boliviens avec une telle ampleur, il faut bien sûr derrière tout cela une machine qui fonctionne, des audits sérieux et réguliers, des gens engagés avec leur cœur. Je suis impressionnée par cette capacité à faire le bien à aussi large échelle, avec une telle efficacité, et je demande à Marianne Sébastien d’où tout cela est parti. Elle éclate de rire et m’explique que ce doit être parce qu’elle est née un jour de Pâques, avec des sœurs qui chantaient « gloire à toi Réssuscité » alors que les cloches sonnaient à en perdre haleine ! Peut-être est-ce pour cela qu’elle ne croit pas au noir, qu’elle ne croit pas aux ombres, qu’elle ne croit pas à l’enfer.

Mais encore ? Marianne Sébastien explique qu’en Bolivie, en aidant les gens à trouver leur voix, il s’est créé une nouvelle société de talents – rappelons que le thème du jour, c’est la Suisse des talents ! On a fait confiance aux gens, on a accepté le chaos total, et, au travers d’un travail sur la voix, les gens ont pu se libérer du désespoir, et un chemin est venu chez eux. Un chemin qui est au-delà de l’argent, qui est la découverte d’une abondance profonde en soi qui devient ensuite une abondance financière. Mais qui va au-delà de soi-même, en même temps. Une sorte de transcendance.

Bon, je ne suis pas sûre d’avoir tout compris, mais c’est vrai, pour avoir suivi un stage de chant avec Marianne Sébastien il y a pas mal d’années, et avoir le souvenir inoubliable de ma voix soudain cristalline et enveloppante qui remplissait une cathédrale, je suis peut-être un peu moins perdue que vous, pauvre lecteur ou lectrice !

Donc, la voix libère, ouvre des portes – à voir le succès de Marianne, on dirait plutôt qu’elle les enfonce – amène à des changements profonds dans la société. Quelques chiffres, qui me laissent abasourdie. Un million de personnes aidées. 120’000 micro-crédits sans intérêts octroyés, générant des micro-entreprises qui fonctionnent et sortent les gens de la pauvreté. En 2013, 32’500 enfants ont reçu du matériel scolaire dans 589 écoles.
Marianne me présente Gabrielle, qui a changé sa vie après un stage de chant avec elle et qui est passée d’une expérience de quinze ans dans des entreprises internationales où elle avait le sentiment que l’humain n’avait plus sa place pour rejoindre l’association, où sa vie a pris un tout autre sens. Gabrielle dit qu’avec Marianne, on travaille beaucoup avec le cœur. Elle pense qu’il est important de sortir le nez du guidon, de repenser les priorités et les urgences et de tenter d’être au-dessus de cela.

Plus tard, lorsque dans la deuxième partie de la Suisse des talents toutes deux seront sur scène pour encourager l’auditoire à faire sortir sa voix, bouche grande ouverte (munissez-vous d’un bouchon de liège, au cas où vous croiseriez Marianne !), lorsque la salle entière se mettra à chanter et que je me mettrai, comme tant d’autres, à vibrer, je commencerai à comprendre un peu combien ce que Marianne met en place change les choses en profondeur. Le concret et le spirituel, la terre et les étoiles. Je le saisis mieux avec cette sorte de communion qu’elle nous invite à partager.

Comme le dira pudiquement en conclusion Elmar Mock, inventeur de la Swatch et « cobaye » pour l’occasion de Marianne (il a en effet chanté avec un bouchon en liège coincé – dans le sens de la largeur – entre les dents) : ça faisait un peu secte, mais c’était drôlement sympa. Plus que sympa. Renversant.

Christine Camporini

Pour en savoir plus : www.voixlibres.org

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