« Final lecture » de Xavier Comtesse : Le Web, les algorithmes et l’avenir du travail

photoChic et choc, cela résume bien Xavier Comtesse, Dr en mathématiques et empêcheur de tourner en rond. Voici le résumé de sa « Final lecture » sur l’importance des algorithmes, cf aussi à la fin les Idées clé :

Le Web, les algorithmes et l’avenir du travail par Xavier Comtesse, mathématicien et essayiste*

Le 13 mars 1989, Tim Berners-Lee proposa une toute nouvelle interface informatique, de type hypertexte pour que les scientifiques du monde entier puissent travailler et partager leurs données sur des expériences menées au CERN à Genève. En s’appuyant sur la technologie Internet, cette plateforme allait changer la vie économique et sociale de la planète. Aujourd’hui après les liens hypertextes (Web 1.0) et les réseaux sociaux – aussi appelés Web 2.0, on se demande quel avenir est réservé au Web ? En d’autres termes à quoi ressemblera le Web 3.0?

Certains évoquent un Web sémantique, à savoir les données structurées en connaissances qui ont donc du sens même pour les machines qui les traitent par opposition au système actuel d’informations plates formé de données sans relief, ni compréhension.

D’autres parlent de Web des objets qui à l’image du système hypertexte relierait les objets entre eux. Dans cette vision, les appareils électroménagers, la hi-fi, les automates, les capteurs, les montres et autres dispositifs embarqués seront tous reliés à Internet et pourront dialoguer entre eux. Prenons par exemple le frigo, ce dernier pourrait se mettre automatiquement en pause électrique lorsque la cuisinière s’enclenchera à l’heure des repas; évitant les pics de consommation d’électricité si fréquents en fin de journée et si coûteuse au système global. On image également déjà dans les laboratoires de l’industrie automobile des voitures qui communiqueront entre elles pour améliorer la conduite collective dans les bouchons ou sur les routes verglacées. La question qui se pose sera de savoir si la voiture continuera à nous avertir dès lors qu’elle aura en main le contrôle des risques? Ou bien n’aura-t-elle plus aucune confiance dans notre temps de réaction, par ailleurs si lent?

Les algorithmes anticipent nos désirs et dominent nos décisions?

En tous les cas avec les ordinateurs de trading automatique à très haute fréquence, il y a bien longtemps que les algorithmes ne demandent plus la permission d’agir aux humains en passant les ordres d’achat ou de vente à la Bourse de New York, ils les considèrent comme étant beaucoup trop lent! Le 6 mai 2010, il y a 4 ans et sept jours, un flash crash de 10 minutes a fait plonger le Dow Jones de 9,2%. On attribue aujourd’hui cet épisode justement aux algorithmes de haute fréquence.

Mais d’autres exemples de traitement par algorithmes de tâches anciennement confiées aux humains montrent un changement en profondeur.

Ainsi une étude publiée ce mois-ci dans le Havard Business Review montre que les algorithmes font mieux que l’intuition et l’expérience des RH en matière de recrutement du  personnel nouveau dans les entreprises tout simplement parce que les algorithmes utilisent le data-mining tout comme le fait la web-radio de Pandora qui est un service automatisé de recommandation musicale sélectionnant des titres se rapprochant au plus près possibles des goûts musicaux des utilisateurs et anticipant leur désir en leur faisant écouter des morceaux de musique jusque-là inconnus. C’est ce que font aussi les algorithmes d’aide au commerce en ligne capables d’anticiper nos prochains désirs d’achats en nous orientant vers des possibilités contextuelles, ce qui est déjà le cas pour Amazon, Itunes, Ebookers, Ebay et bientôt avec des nouveaux entrants comme le géant chinois Alibaba.

Bref les algorithmes discrètement nous envahissent et commencent gentiment à décider à notre place!

Où va désormais le monde, notamment celui du travail?

Andrew McAffe et Erik Brynjolfsson, tous deux de la Sloan School du MIT, nous préviennent dans un livre à succès -The Race Against The Machine -: « selon les régions, on détruit plus d’emplois avec l’usage des algorithmes que l’on en a créé… Est-ce donc la fin de la croissance pour tous?…non c’est simplement la réorganisation des entreprises, des secteurs économiques voir des régions que l’on peut observer dans la phase actuelle du développement technologique…». Ainsi selon ces éminents chercheurs spécialistes de la productivité et de l’emploi liés à l’émergence des NTIC, les gains en productivité qui jusqu’alors avaient été si difficiles à déceler dans les statistiques économiques (Robert Solow), passeraient simplement par la destruction/création d’emplois qui serait défavorable à certaines entreprises, secteurs économiques et même régions. Une vision à la Schumpeter en sorte mais appliquée à la théorie du travail en transformation. Cela paraît assez réaliste lorsque l’on songe aux transformations radicales subies par des industries comme celle de la musique, de la publicité, des médias, du tourisme, du e-commerce sans parler de la banque, des libraires ou encore du c2c, qui permet au simple consommateur d’éviter les intermédiaires. Il y a donc aujourd’hui selon certains économistes, largement moins d’emplois dans certaines entreprises, certains secteurs économiques et certaines régions, ainsi la Silicon Valley semble être la grande gagnante de la révolution du Web.

Allons nous donc vers la fin du concept de « plein emploi » dans les pays industrialisés? Sans doute que globalement la réponse est plus nuancée. Mais ce qui est sûr, il restera dans ce monde – finalement pas si plat que cela – toujours des zones très attractives pour l’emploi : comme la Suisse dans le secteur de la Santé! Joli paradoxe pour ce pays qui a vu naître le Web il y a exactement 25 ans et un mois mais n’en a guère profité.

* résumé de la « finale lecture » du 13 mai 2014 de Xavier Comtesse en tant que Directeur romand d’Avenir Suisse

Idées clés

1.- Les algorithmes

Le 13 mars 1989, Tim Berners-Lee proposa une toute nouvelle interface informatique, de type hypertexte pour que les scientifiques du monde entier puissent travailler et partager leurs données sur des expériences menées au CERN à Genève. En s’appuyant sur la technologie Internet, cette plateforme allait changer la vie économique et sociale de la planète.

Le 4 septembre 1998, Larry Page et Sergey Brin dépose le chèque de 100’000 dollars que le patron de SUN leur a fait pour créer le moteur de recherche Google.

 Le 6 mai 2010, un flash crash de 10 minutes a fait plonger le Dow Jones de 9,2%. On attribue aujourd’hui cet épisode aux algorithmes de très haute fréquence.

Le 5 juin 2013, Le Guardian révèle au monde l’existence du programme PRISM de la NSA, qui faisait suite aux révélations de Snowden. Ce programme de Data-Mining permet d’extraire des informations précises et souvent prédictives depuis de très grandes bases de données.

Le 11 mars 2014, le Los Angeles Time sort un article entièrement produit par un algorithme, sur un tremblement de terre de magnétude 4.7 survenu au large de Santa Monica.

2.- La productivité, la fin du travail ou le transformationnel

Ex. Swissquote versus e-banking, Amazon versus Payot

3.- La polémique iWatch contre iSwatch :

ce qui est en jeu : 1) la santé pas l’heure, 2) le poignet et le monopole suisse dessus, 3) le prix élevé de la montre (x10)

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